Côté rue, côté jardin - une enfance anversoise
Pierre Moreau est psychiatre, catholique et amoureux. Esther Steinfeld est juive, traumatisée par la guerre, mystérieuse. Ils vivent à Anvers, une ville flamande où ils éduquent leurs enfants en français - cette langue française si riche, si magnifique, que l'on parlait à la maison mais qu'on évitait désormais de parler en dehors.
"Côté rue, côté jardin" relate l'enfance et l'adolescence de leur fils : un récit d'initiation, imagé et limpide, dans un pays en voie de déchirement.
L'auteur
Philippe Brandes a travaillé comme architecte, urbaniste, enseignant et galériste, à Bruxelles, Jérusalem et Tel-Aviv. Son anthologie de textes d’écrivains « La Rue Écrite – Architecture, ville et littérature », publiée à Paris en 2014, marque son passage du domaine académique au domaine littéraire. En 2021, il fonde Accro Éditions.
En 2022, il publie En ce qui concerne Alexandre (https://www.accro-editions.com/lire-et-relire/en-ce-qui-concerne-alexandre/).
Sous la forme d'un récit écrit à la première personne, Côté rue, côté jardin fait écho à ce roman.
Avis du comité de lecture
Côté Rue, Côté Jardin est le récit initiatique, imagé et fluide, de l'enfance d'un fils de psychiatre catholique et d'une juive assaillie par les fantômes de la Shoah.
L'art de ce texte est de parvenir à mettre en scène simplement, un entrecroisement pourtant complexe d'héritages culturels et identitaires différents, voire antagonistes, dans une Belgique coupée en deux.
Philippe Brandes joue avec brio un numéro d'équilibriste tiraillé entre l'appel de la rue et la protection du jardin, le cocon familial, dont le lecteur captivé est le premier gagnant.
C'est le livre de tous les paradoxes : foisonnant aussi bien que bref, impossible à lâcher quoique lu à petites goulées. Tel un joueur d'échecs qui aurait appris et assimilé les leçons des plus grands maîtres - on pense à W. Benjamin et W.G Sebald - Philippe Brandes nous distille son enfance d'une voix rassurante et amie, qui nous accompagne autant qu'elle nous émeut dans les limbes de l'histoire de la seconde Guerre Mondiale.
Dans "Côté rue, côté jardin" nous sommes plongés au cœur de l'enfance et de l'adolescence d'Alexandre, le fils d'un mariage mixte entre un père psychiatre fervent catholique et amateur de littérature et une mère juive, jeune beauté sensible et mystérieuse, traumatisée par la guerre. À travers des souvenirs et des situations de vie auxquelles nous pourrions tous être confrontés, l'auteur raconte admirablement bien ce qu'il a vécu. C'est un livre riche et profond qui aborde plusieurs sujets intéressants : la famille, la dualité linguistique en Belgique, la dualité religieuse entre ses parents mais aussi la découverte de l'amour et de la sexualité. L'on sent derrière ce roman, l'envie de partager un bout d'histoire personnelle. "Côté rue, côté jardin" se laisse dévorer d'une seule traite. Il ne manque plus qu'une visite de la ville d'Anvers !